RELIGIONStrasbourg renonce à son texte sur le financement des cultes

Strasbourg renonce à son texte sur le financement des cultes

RELIGIONVoté en septembre, le texte qui encadrait le financement des lieux de culte dans la capitale alsacienne a été annulé. Il présentait des irrégularités selon la préfecture
Le principe d'une subvention de 2,5 millions d'euros pour la construction de la mosquée Eyyub Sultan avait créé a polémique en mars 2021
Le principe d'une subvention de 2,5 millions d'euros pour la construction de la mosquée Eyyub Sultan avait créé a polémique en mars 2021 - T. Gagnepain / 20 Minutes
Thibaut Gagnepain

T.G. avec AFP

L'essentiel

  • La ville de Strasbourg a renoncé lundi à sa délibération sur le financement des cultes, objet d’un rappel à l’ordre de l’Etat après une controverse sur un projet de subvention d’une mosquée.
  • Le conseil municipal a abrogé la délibération adoptée fin septembre.
  • Conformément au droit local en Alsace-Moselle, les pouvoirs publics peuvent subventionner les religions, cette partie du pays n’ayant pas connu la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905 du fait de l’annexion allemande (1870-1918).

Quatre petits mois et c’est fini. La ville de Strasbourg a renoncé lundi à sa délibération sur le financement des cultes, objet d’un rappel à l’ordre de l’Etat après une controverse sur un projet de subvention d’une mosquée. Le conseil municipal a abrogé la délibération adoptée fin septembre. La maire écologiste Jeanne Barseghian a dit espérer pouvoir présenter un nouveau texte lors d’une prochaine réunion du conseil en mars.

Conformément au droit local en Alsace-Moselle, les pouvoirs publics peuvent subventionner les religions, cette partie du pays n’ayant pas connu la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905 du fait de l’annexion allemande (1870-1918).

Mais la municipalité a suscité une polémique en 2021 avec un projet de subvention d’une mosquée d’obédience turque, finalement annulé. Dans l’espoir de fixer de nouvelles règles, la maire avait ensuite fait adopter en septembre par son conseil municipal une délibération sur le sujet du financement des associations et des projets cultuels. La maire entendait ainsi adopter « un cadre clair, transparent, partagé », permettant de « garantir des principes de neutralité, de transparence et d’équité » entre les religions.

La copie devait être revue

Mais début décembre, la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, avait demandé au conseil municipal de revoir sa copie : elle y avait décelé plusieurs irrégularités et demandé à la municipalité de la rectifier sous deux mois « pour en renforcer la sécurité juridique ».

La délibération autorisait la ville à soutenir les associations religieuses pour un maximum d’un million d’euros. Pour les nouveaux lieux de culte ou projets importants, il était proposé que le préfet « soit saisi pour avis concernant le projet », notamment pour permettre « d’informer la municipalité sur les liens éventuels de l’association avec des puissances étrangères » ou sur « toute alerte relative à la sécurité nationale et/ou aux dérives intégristes ou sectaires ».

La municipalité avait été au cœur d’une controverse en mars 2021 après le vote d’une délibération sur le principe d’une subvention de 2,5 millions d’euros pour la construction, toujours en cours, de la mosquée Eyyub Sultan, portée par l’association turque Millî Görüs. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait accusé la ville de financer une « ingérence étrangère ». Millî Görüs avait finalement renoncé à demander cette subvention, évitant à la ville d’avoir à se prononcer définitivement sur son octroi.

En novembre, la délibération, qui n’avait pas été retirée par la municipalité, a été annulée par le tribunal administratif de Strasbourg, saisi par des conseillers municipaux d’opposition et par la préfecture du Bas-Rhin.

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