« Sound of Freedom » : c’est quoi ce film qui agite la complosphère et qui cartonne au box-office américain ?

« Sound of Freedom », sorti le 4 juillet dernier aux Etats-Unis, exploite parfaitement les théories du complot, selon ses détracteurs.

Jim Caviezel occupe le rôle principal dans «Sound of Freedom». CR : Official Trailer Angel Studios
Jim Caviezel occupe le rôle principal dans «Sound of Freedom». CR : Official Trailer Angel Studios

    « Indiana Jones et le Cadran de la destinée » aurait-il trouvé un sérieux concurrent ? Le dernier opus du célèbre blockbuster américain avec Harrison Ford a été dépassé au box-office sur la journée de mardi par un film au budget près de 20 fois inférieur : « Sound of Freedom ». Si depuis « Indy » est repassé devant, ce long-métrage suscite la curiosité outre-Atlantique, notamment au sein de la complosphère. Explications.

    Qu’est-ce que raconte le film ?

    « Après avoir sauvé un jeune garçon d’impitoyables trafiquants d’enfants, un agent fédéral apprend que la sœur du garçon est toujours captive et décide de la sauver aussi. » Le synopsis du film est simple et efficace. Dans le détail, « Sound of Freedom » dit s’inspirer de l’histoire vraie de Tim Ballard, ancien agent de la sécurité intérieure des États-Unis, qui a fondé l’Operation Underground Railroad (O.U.R.), une organisation luttant contre le trafic sexuel d’enfants.

    Tim Ballard est interprété par Jim Caviezel, star de la série Person Of Interest. À ses côtés, on retrouve Mira Sorvino, fille de l’acteur Paul Sorvino, ou encore Bill Camp, déjà vu dans « Le Jeu de la Dame » sur Netflix. Produit par Angel Studios, le film a failli ne jamais voir le jour. Avec un scénario écrit dès 2015, il devait sortir dès 2018 en Amérique Latine, avant que Disney soit accusé de vouloir mettre le film au placard. « Sound of Freedom » n’est sorti que le 4 juillet dernier aux États-Unis, financé par un autre producteur « Angel Studio ».

    Pourquoi le film attire les complotistes ?

    Le sujet principal du film, le trafic sexuel d’enfants, est évidemment lié à de grandes théories du complot où les élites mondiales dirigeraient le monde et auraient établi un grand réseau de trafic sexuel. « Sound of Freedom » refait également parler de l’adrénochrome, une supposée drogue issue du sang des enfants qui serait ponctionné lors de ce trafic.

    Mais ce n’est pas simplement l’histoire du film qui attire les théories complotismes. Angel Studios est déjà connu pour ses productions très conservatrices, « The Chosen » sur la vie de Jésus et « His Only Son » sur l’histoire d’Abraham dans l’Ancien Testament. De même pour Jim Caviezel. L’acteur de 54 ans, connu pour ses positions complotistes, est déjà apparu dans des évènements QAnon, en évoquant la théorie de l’adrénochrome. « Si un enfant sait qu’il va mourir, son corps sécrétera cette adrénaline. (…) C’est la pire horreur que j’aie jamais vue », avait-il déclaré en 2021.

    La rumeur d’une participation de Mel Gibson avait également mis la lumière sur le film avant sa sortie. C’est Tim Ballard lui-même qui avait évoqué le nom de la star américaine de 67 ans pour réaliser « Sound of Freedom » début juin. Une information démentie depuis par l’attaché de presse de Mel Gibson.

    Que disent les critiques ?

    Pour l’instant, une sortie du film n’est pas prévue en France, malgré les demandes de certaines personnes comme l’ancien animateur de télévision Karl Zéro, accusé de dérives complotistes. Il faut aller regarder du côté de la presse étrangère pour voir les premières critiques du film. Si Variety évoque un « thriller solide et convaincant » et voit le lien entre les théories du complot et le film comme un « non-sens », The Guardian est beaucoup plus sévère.

    Pour le journal britannique, « Sound of Freedom » est un « thriller paranoïaque » qui cultive bien volontairement les théories du complot. Si The Guardian concède que le film trouve bien « un public important » grâce à un film qui « n’a rien d’insensé et suffisamment convaincant », les intentions derrière le film cachent « un véritable déni ». Selon le compte Twitter spécialisé en théorie du complot Debunker des Etoiles, le film « en lui-même n’a rien de complotiste », mais son utilisation en tant que tel est facile.

    Les théories du complot sont toutes sous-entendues mais jamais clairement évoqués, ce qui rappelle évidemment la première règle de QAnon selon le quotidien britannique : « On ne parle pas de QAnon là où les gens normaux peuvent nous entendre. » Selon The Guardian, tout est même fait pendant le film pour rappeler l’idéologie complotisme : « Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec eux ! »