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Ces nouvelles Eglises qui « nous invitent à une mise à jour radicale de la manière d’appréhender le christianisme »

Ne parlez pas de catholiques, de protestants, d’orthodoxes, ni même d’évangéliques, mais plutôt d’« Eglises de réveil », d’« Eglises d’initiatives africaines » ou d’« Eglises postcoloniales »… L’Afrique subsaharienne voit se multiplier une myriade de nouvelles Eglises inclassables, qui arrivent également en Europe. Décryptage avec l’historien et sociologue Sébastien Fath.

Propos recueillis par 

Publié le 05 février 2023 à 09h00

Temps de Lecture 8 min.

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Une messe dans une église revivaliste du camp de déplacés de Kalinga, dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, le 27 mars 2022.

Sébastien Fath est historien et sociologue au sein du Groupe sociétés, religions, laïcités du CNRS, spécialisé dans l’étude du protestantisme évangélique et du christianisme « postcolonial ». A l’occasion du voyage du pape en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan du Sud, il décrypte, dans un entretien au Monde, les recompositions à l’œuvre au sein du christianisme africain, où les Eglises établies sont de plus en plus concurrencées par de nouvelles Eglises à l’aura grandissante, y compris au-delà du continent.

Quelles sont les grandes tendances du christianisme africain ?

Entre 1900 et 2010, la part du christianisme dans la population africaine serait passée de 9 % à 57 %. La tendance longue est donc à la croissance. Mais, dans le détail, il y a peu de données fiables. Tous les Etats ne font pas de recensements fondés sur la religion. En outre, il y a parfois un phénomène de double appartenance, avec des personnes qui peuvent passer d’une Eglise à une autre en fonction de leurs besoins religieux du moment.

Pour résumer, néanmoins, on peut dire que le christianisme africain est composé de quatre grands blocs : le catholicisme, un protestantisme « classique » issu de la colonisation (dont l’anglicanisme), un bloc évangélique et un dernier bloc, composé d’une multitude d’Eglises qui n’entrent dans aucune de ces catégories.

Tous ces « blocs » ne connaissent pas la même dynamique. Les Eglises anciennes (catholique, luthérienne ou anglicane) sont très structurées, avec des réseaux d’écoles et d’infrastructures. Mais les autres sont en plein essor. C’est très net au Congo, par exemple. Dans l’espace urbain congolais, les lieux de culte des Eglises de réveil sont aujourd’hui bien plus nombreux que ceux de l’Eglise catholique. Elles ont profité de l’appel d’air de la décolonisation et ne sont plus du tout marginales aujourd’hui.

Dans vos travaux, vous utilisez souvent le terme « Eglises postcoloniales » pour désigner toutes ces communautés chrétiennes africaines qui n’entrent dans aucune catégorie classique. Pourquoi cette expression vous paraît-elle pertinente ?

C’est avant tout une expression descriptive, utilisée par les historiens. Elle s’applique d’ailleurs aussi à certaines Eglises évangéliques. Cela permet de désigner toutes ces Eglises qui se sont développées dans les années 1950, 1960 ou 1970. Certaines existaient déjà auparavant, mais elles ont pris de l’ampleur pendant ou après les différents mouvements d’indépendance des Etats africains.

Par exemple, le christianisme céleste, au Bénin, le tokoïsme, en Angola, ou l’Eglise harriste, en Côte d’Ivoire, sont certes nés avant la décolonisation, mais ils ont souvent été persécutés à l’époque coloniale. Ces Eglises étaient en marge du système et elles ne se sont véritablement épanouies qu’ensuite. Elles disposent désormais d’un espace de liberté qui leur permet de se déployer.

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