Enfin libre. Appuyé sur une canne, barbe et cheveux blancs, Jeffery Woodke, est apparu lundi 20 mars, au côté du Français Olivier Dubois, face aux caméras à l’aéroport de Niamey. Libre après six années de captivité. « Il est en sécurité, a confié sa femme, Els Woodke, au New York Times, je ne sais pas encore s’il est en bonne santé ».

L’humanitaire américain a été enlevé le 16 octobre 2016 au Niger par des groupes djihadistes et emmené au Mali où il était retenu en otage. Premier Américain enlevé sur le sol nigérien, il avait été kidnappé à son domicile à Abalak, une bourgade de 30 000 habitants dans la région de Tahoua, dans le nord-ouest du Niger. Un garde national et le gardien de la maison avaient été tués lors de l’attaque attribuée par le ministre nigérien de l’intérieur de l’époque au Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

« Jeff »

Installé à Abalak, ville à majorité touarègue depuis vingt-cinq ans, « Jeff » y était connu comme le loup blanc. Très investi dans la communauté locale, l’humanitaire parlait couramment le peul, le tamachek (langue touarègue) et l’arabe. Ce croyant convaincu travaillait pour une ONG américaine chrétienne, Youth with a mission (Jeunesse en mission), spécialisée dans la gestion des sécheresses, l’accès à l’éducation et aux soins médicaux.

Dans la région de Tahoua, l’association était chargée de creuser des puits pastoraux et de construire des écoles. « Jeff aidait les éleveurs à faire face à divers défis dont celui du changement climatique », avait écrit sur son site le diocèse de Maradi après l’enlèvement de l’humanitaire. « Grâce à sa ténacité, il a permis à des centaines voire des milliers d’éleveurs de disposer d’eau pour abreuver leurs animaux. Il a construit des écoles dans la zone pour offrir des conditions d’études acceptables aux enfants de nomades », insistait le diocèse.

Soulagement

Depuis 2006, Jeffery Woodke partageait son temps entre le Niger et les États-Unis où ses deux fils poursuivaient leurs études avec leur mère. Au cours des longues années de captivité de son mari, Els Woodke a publié plusieurs messages sur les réseaux sociaux ou dans les médias pour interpeller les ravisseurs de son mari, demander des négociations et réclamer des preuves de vie. L’année dernière, elle avait révélé que les islamistes réclamaient une rançon de plusieurs millions de dollars pour sa libération.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche s’est dit lundi « satisfait et soulagé ». « Les États-Unis remercient le Niger pour l’aide apportée » dans le cadre de cette libération, a-t-il ajouté.