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Economie

Chômage, salaires, pauvreté: une situation moins favorable pour les immigrés en France

Selon une étude de l'Insee, les immigrés sont davantage au chômage et connaissent un taux de pauvreté plus élevé que le reste de la population.

Chômage plus élevé, salaires plus faibles ou encore pauvreté plus importante: dans une étude publiée ce jeudi, l'Insee dresse un état des lieux de la situation des immigrés en France. Cette étude démographique, qui se penche pour la première fois depuis dix ans sur l'évolution de l'immigration sur plusieurs générations, estime que sept millions d'immigrés vivaient en France en 2021, soit 10,3% de la population. Et, sur le plan économique, constate une condition bien moins favorable pour les immigrés et les descendants d'immigrés. 

Une situation déjà observée sur le marché du travail: si l'on considère la population active de 15 à 74 ans vivant en France hors Mayotte, 13% des immigrés et 12% des descendants d'immigrés étaient au chômage (au sens du BIT) en 2021, contre 7% pour les personnes sans ascendance migratoire directe, constate l'Insee. En outre, la situation varie largement selon l'origine géographique: 16% des actifs immigrés en provenance du Maghreb étaient au chômage en 2021, de même pour 15% de ceux en provenance d'Afrique subsaharienne et 14% de ceux en provenance de Turquie et du Moyen-Orient, contre 6% pour les actifs immigrés venus d'Europe du Sud ou 9% de ceux venus d'Asie.

Ces différences selon l'origine géographique restent sensiblement les mêmes lorsque l'on étudie les descendants d'immigrés. Ainsi, le taux de chômage des descendants d'origine africaine (16%) s'avère deux fois plus élevé que celui des descendants d'immigrés d'origine européenne (8%). 

Emplois moins qualifiés

Par ailleurs, les immigrés occupent également des emplois moins bien rémunérés. Selon l'Insee, le salaire net mensuel médian des immigrés âgés de 15 à 74 ans travaillant à temps complet s’élevait à 1700 euros en 2021, contre 1810 euros pour les descendants d'immigrés et 1900 euros pour les personnes sans ascendance migratoire directe. Encore une fois, avec une forte variable géographique: ce salaire s'élève à 1600 euros pour un immigré originaire d'Afrique, contre 1900 euros pour un immigré originaire d'Europe, soit 16% de moins. De même pour les générations suivantes, où il reste inférieur de 12% pour les descendants d'immigrés d'origine africaine. 

Les immigrés occupent en effet davantage d'emplois moins qualifiés, et donc associés à des rémunérations moins importantes. Selon l'Insee, 13% des immigrés en emploi étaient concernés en 2021 par un contrat à durée limitée (CDD ou intérim) contre 9% des personnes sans ascendance migratoire directe - les descendants d'immigrés, en moyenne plus jeunes que ces dernières, occupent également davantage de postes en contrats à durée limitée (11%). Par ailleurs, on ne compte que 8% de fonctionnaires parmi les immigrés en emploi, deux fois moins que l'ensemble des personnes en emploi (15%), l'accès à ces postes étant souvent soumis à des critères de nationalité.

31,5% de pauvreté

L'étude pointe également une plus grande pauvreté. Un immigré sur deux présentait un niveau de vie annuel inférieur à 17.000 euros en 2019, soit 1417 euros par mois, contre 19.970 euros pour les descendants (+15%) et 22.880 euros pour les personnes sans ascendance migratoire (+26%). De surcroît, 31,5% des immigrés présentaient même un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté monétaire (1102 euros par mois), un taux de pauvreté trois fois plus élevé que celui des personnes sans ascendance migratoire (11,1%). Pour les immigrés d'origine européenne, en moyenne plus âgés et plus diplômés, ce taux est néanmoins beaucoup plus bas (19,5%) que pour ceux d'origine africaine (39,2%) ou asiatique (36,4%).

Concernant les descendants d'immigrés (21,7% en situation de pauvreté monétaire en 2019), le taux de pauvreté varie largement selon l'origine géographique des parents. Cela concerne 26,7% des descendants d'immigrés d'origine africaine et 31,3% de ceux d'origine asiatique, contre 11,9% des descendants d'immigrés d'origine européenne, à peine plus élevé que celui des personnes sans ascendance migratoire (11,1%). De même que leurs ascendants, les descendants d'immigrés européens sont plus âgés et présentent un taux d'activité plus élevé. 

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV