IVG dans la Constitution : le texte rejeté une seconde fois en commission au Sénat

IVG dans la Constitution : le texte rejeté une seconde fois en commission au Sénat

La majorité sénatoriale de droite a une nouvelle fois rejeté en commission une proposition de loi visant à l’inscription de l’IVG dans la Constitution. « La formulation est juridiquement incomplète » pour la rapporteure (LR), Agnès Canayer. « Un prétexte » lui répond la sénatrice socialiste, Marie-Pierre de la Gontrie.
Simon Barbarit

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Bis repetita à la commission des lois du Sénat où une proposition de loi constitutionnelle visant à inscrire l’IVG dans la Constitution a été rejetée ce mercredi 25 janvier. Le texte déposé par les députés LFI, a été adopté à l’Assemblée nationale en novembre dernier. Il sera examiné en séance publique le 1er février au Sénat

Fin 2022, les sénateurs communistes, socialistes et écologistes avaient défendu un autre texte visant à inscrire l’avortement dans la Constitution. Cosignée par 118 sénateurs de 7 groupes politiques, la proposition de loi s’était heurtée à l’opposition du groupe Les Républicains, majoritaire au Sénat. Elle avait finalement été rejetée (139 pour, 172 contre), à l’issue d’une séance houleuse.

« C’est une fausse bonne idée »

Trois mois plus tard, la droite s’oppose toujours à une évolution du texte suprême en ce sens. Invitée de la matinale de Public Sénat, la rapporteure du texte, Agnès Canayer (LR) a réaffirmé la position de son groupe. « Nous sommes très attachés à l’interruption volontaire de grossesse. Mais cette constitutionnalisation, c’est une fausse bonne idée. Elle ne va pas renforcer l’effectivité du droit à l’IVG. Ça ne va pas augmenter les moyens financiers des plannings familiaux. Ça ne va pas lutter contre la désertification médicale », a-t-elle rappelé en jugeant par ailleurs la formulation du texte « juridiquement incomplète ».

Le texte propose d’inscrire un nouvel article 66-2 dans la Constitution, selon lequel « la loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse ». « Cette formulation empêche la conciliation avec la reconnaissance du droit à l’embryon », selon Agnès Canayer.

Cette version est pourtant plus consensuelle que le texte rejeté au Sénat qui proposait d’inscrire dans un nouvel article 66-2 dans la Constitution : « Nul ne peut porter atteinte au droit à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception. La loi garantit à toute personne qui en fait la demande, l’accès libre et effectif à ces droits. »

« Les sénateurs de droite sont très isolés sur cette question »

La sénatrice socialiste, vice-présidente de la commission des lois, Marie-Pierre de la Gontrie a noté une évolution dans les arguments de la droite sénatoriale. « Ils nous ont ressorti que ça ne servirait à rien, que ça ne protégerait pas le droit à l’IVG, que c’était symbolique… Mais désormais, ils nous disent que la loi est mal écrite. C’est un prétexte. Ils sont train de se rendre compte qu’ils sont très isolés sur cette question y compris au sein de leur électorat », estime-t-elle.

La sénatrice de Paris fait référence à un récent sondage de l’Ifop réalisé pour la fondation Jean Jaurès en juin 2022, selon lequel 81 % des Français sont favorables à la constitutionnalisation de l’IVG. Dans le détail, l’étude montre que la proposition a également les faveurs de 76 % des sympathisants LR, et de 73 % des sympathisants RN.

Difficile à ce stade de faire un pronostic sur le vote de mercredi prochain. « Il y a 17 voix de bascule », a calculé Marie-Pierre de la Gontrie.

Dans la même thématique

IVG dans la Constitution : le texte rejeté une seconde fois en commission au Sénat
5min

Politique

Européennes 2024 : après le discours d’Emmanuel Macron, Olivier Faure veut saisir l’Arcom au nom de « l’équité » entre les candidats

Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le