A Valenciennes, les évangéliques sont des centaines à se réunir chaque dimanche

Lecture 5 minute(s)
Les évangéliques se réunissent dans leur église au faubourg de Lille.

Par Pauline Bayart

L'église évangélique compte deux lieux de culte à Valenciennes. L'un, situé au faubourg de Lille, réunit une centaine de chrétiens chaque dimanche.

Évangéliques. La salle est surchauffée. C’est dimanche matin, il est 10 heures. L’heure du culte dans l’église évangélique pentecôtiste de Valenciennes, appartenant à la branche « Assemblées de Dieu » (soit 54 millions de chrétiens dans le monde). L’église est située au cœur du faubourg de Lille, face au port de plaisance, entre l’école primaire Jean Moulin, l’école maternelle Anna Foucart et la maison de quartier Beaujardin. Bien intégrée dans le quartier, en somme. C’est un grand bâtiment, payé par l’association, dans lequel – outre les bureaux – on trouve une très grande salle, style salle des fêtes. C’est là que les fidèles se réunissent. Pas de statues, pas de saints. Pas d’encens, pas de bénitiers. Pas de bougies, pas de vieilles pierres. Simplement une croix, sobre, au fond de la salle. Pas de chaire ni de chœur, mais une scène. La catho que je suis perd tous ses repères. Entre ces murs modernes, derrière les rideaux de la scène, sous les projecteurs, le dogme n’est pas le même. Sur les écrans, les paroles des chants défilent. C’est Karafun, version spirituelle. Un guitariste donne le rythme et trois choristes entonnent des hymnes à la gloire du Christ. Le culte version pop star.

Des chrétiens en transe

Elle est loin la chorale des cathos, les voix nasillardes qui s’envolent très haut, jusqu’aux plafonds de nos cathédrales et les chants repris pudiquement, à demi-voix, par des fidèles un peu timides. Ici, ça swingue. Les chrétiens ne boudent pas leur plaisir. Il y a aussi la gestuelle, les bras et les mains levés vers le Ciel, les yeux fermés. Une transe. Au milieu de ces murmures continus et de ces émotions habitées, s’élèvent parfois des voix. Chacun prend la parole spontanément, pour partager sa prière avec l’assemblée. On louange, on glorifie le Très-Haut. Parfois même, cette voix est incompréhensible pour qui n’est pas « habité par l’Esprit-Saint ». Cela s’appelle « glossolalie » ou le « parler en langues ». La langue des anges, paraît-il. On est à l’apogée du mystique, à la quasi extase. Et forcément, ça laisse pantois. Puis, tel le candidat attendu d’un meeting politique à l’américaine, le pasteur fait son entrée sur scène. Pas de chasuble, mais un micro sans fil. C’est un show. Arrive le moment du « repas ». Des fidèles font passer des petites coupelles en plastique dans les rangs. L’une pour le jus de raisin, l’autre pour la mie de pain. C’est l’eucharistie, version Pentecôtistes.

Les évangéliques se réunissent dans leur église au faubourg de Lille.
Le culte des évangéliques est rythmé et musical au faubourg de Lille. Une sorte de pop culture chrétienne qui réunit tous les âges.

Une relation directe avec Jésus

Qui sont-ils ? Des Chrétiens appartenant à une branche récente du protestantisme, dont la croyance repose entièrement sur les saintes écritures, l’ancien et le nouveau testament. Les Pentecôtistes ne s’encombrent pas d’intermédiaires pour accéder à Dieu. Ils entretiennent une relation directe et personnelle avec Jésus. « On considère que la Bible est suffisamment fiable, depuis ses milliers d’années d’existence. La parole de Dieu est éternelle et, à ce titre, capable de répondre à toutes les questions« , précise Timothée Mele. Marié et père, le pasteur de « Ton église à Valenciennes », âgé de 36 ans, a travaillé dix ans, avant de répondre au fameux « appel ». Six ans de formation et de stages plus tard, il a débuté son pastorat à Valenciennes, il y a trois ans. « Mon employeur est Dieu. Je n’ai pas de contrat de travail. Je ne vis qu’avec le don des chrétiens. » Après les chants et les prières, Timothée anime l’enseignement de la Bible. Au programme du dimanche 5 février : la désobéissance de Jonas, et les leçons qui en découlent. N°1 : la désobéissance a un coût. N°2 : la désobéissance nous pousse vers le déni. N°3 : la désobéissance nous coupe de la relation avec Dieu.

Une église parfois décriée

Heureusement, dans sa grande clémence, Dieu ne punit pas ceux qui lui désobéissent. Il cherche plutôt à les mettre à l’épreuve, afin qu’ils retrouvent, par eux-même, une voie plus juste. Et qu’ils en tirent des enseignements. « Amen !, « Alléluia ! » Souvent associée au conservatisme radical américain et au populisme à la Trump – les protestants évangéliques sont les chrétiens les plus représentés aux USA – l’église évangélique (elle réunit près de 650 millions de fidèles dans le monde) n’a pas toujours bonne presse. « On ne s’identifie pas à l’église évangélique américaine, parfois violente. On est souvent attaqué sur des sujets comme l’avortement, le mariage homosexuel… On ne s’érige pas contre les lois, on se base simplement sur la façon dont Dieu a défini les choses, à l’origine. Parce que Dieu a voulu le meilleur pour l’être humain. On véhicule des valeurs et des principes, mais libre à chacun de se positionner. On ne demande pas le CV des croyants, on accueille tout le monde. La Bible est pour tous. » 80% des nouveaux convertis de « Ton église à Valenciennes » l’ont été par le bouche à oreille. Dans la salle de culte : des couples âgés du quartier, des Africains, des Européens, des retraités, des mères de famille, des étudiants, des jeunes actifs, des hommes, des femmes… Une église aux mille visages, en adoration devant un seul : celui du Christ.                

Publicité
Icone

L'Observateur.fr

www.lobservateur.fr

Ajouter à l'accueil