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Biodiversité : « Si les insectes disparaissent, tout le reste disparaît avec eux », entretien avec le spécialiste Dave Goulson

Dans un livre paru le 8 février, le scientifique britannique, qui travaille sur les effets des pesticides sur la biodiversité, alerte sur le « déclin catastrophique » des populations d’insectes qui pourraient avoir chuté de 80 % depuis une trentaine d’années.

Propos recueillis par  et

Publié le 10 février 2023 à 11h01, modifié le 17 février 2023 à 11h25

Temps de Lecture 7 min.

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Le chercheur Dave Goulson, chez lui, dans le Sussex (Angleterre), le 10 juin 2019.

Spécialiste mondialement réputé de l’écologie des pollinisateurs, professeur à l’université du Sussex (Royaume-Uni), Dave Goulson travaille depuis près de deux décennies sur la conservation des insectes et les effets des pesticides sur la biodiversité. Dans un livre paru mercredi 8 février (Terre silencieuse. Empêcher l’extinction des insectes, traduit par Ariane Bataille, éditions du Rouergue, 400 pages, 23,80 euros), il témoigne de l’effondrement des populations d’insectes, des causes de ce phénomène mondial et de ses répercussions catastrophiques sur les écosystèmes et la pérennité de l’agriculture.

Comment caractériser le déclin actuel des insectes ?

Il y a d’importantes lacunes de connaissances dans de nombreuses régions du monde, en particulier pour les espèces les moins connues. Mais en ce qui concerne les insectes pour lesquels nous avons des données sur le long terme, nous constatons dans la grande majorité des cas un déclin rapide. L’étude de la Krefeld Entomological Society [publiée en 2017 et portant sur une soixantaine de zones protégées d’Allemagne] est la plus souvent citée et indique un déclin de 76 % de la biomasse d’insectes volants entre 1989 et 2016.

Si ce chiffre est exact, alors nous faisons face à un déclin catastrophique. De manière globale, la vitesse de cet effondrement est l’objet de débats entre scientifiques. L’estimation la plus conservatrice est probablement que les insectes disparaissent à un rythme de 1 % à 2 % par an. Cela paraît peu de choses, mais à l’échelle d’une vie humaine, c’est absolument considérable.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Biodiversité : les populations d’insectes s’effondrent en Europe

Or nous avons besoin d’eux. D’abord, ils constituent l’essentiel de la biodiversité avec plus de 70 % de toutes les espèces connues. Ensuite, ils servent de nourriture à une grande partie des oiseaux, des chauves-souris, des amphibiens, des reptiles, des poissons d’eau douce… Si les insectes disparaissent, tout le reste disparaît avec eux. Ils sont comme le carburant de la vie, le lubrifiant des écosystèmes.

Ils recyclent les nutriments dans les sols et permettent de les garder en bonne santé, ils pollinisent les plantes sauvages et les cultures, et ce seul service est simplement vital pour l’espèce humaine… Nous pourrions avoir déjà perdu près de 80 % de la biomasse des insectes, je pense que c’est l’aspect le plus terrifiant de cette histoire : tous ceux qui ont un certain âge ont assisté au cours de leur vie au plus grand déclin de la biodiversité depuis soixante-cinq millions d’années. Cela se produit maintenant.

Comment une telle catastrophe a-t-elle pu passer si inaperçue ?

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